L’industrie portugaise de la chaussure, réputée pour son savoir-faire et sa qualité, fait un pas audacieux vers l’avenir en investissant 600 millions d’euros d’ici à la fin de la décennie. Cette décision stratégique ne vise pas seulement à produire plus de chaussures, mais à propulser le Portugal sur la scène mondiale en tant que leader dans le domaine de la chaussure durable et innovante.
“Nous ne nous concentrons pas sur la quantité”, affirme Paulo Gonçalves, porte-parole de l’Association portugaise des fabricants de chaussures, de composants et de maroquinerie (APICCAPS). “Avec 80 millions de paires qui sortent déjà de nos lignes de production chaque année, notre objectif est d’optimiser les processus et de devenir une référence internationale pour les produits de pointe”.
Ce plan ambitieux est déjà en marche. Deux projets majeurs, BioShoes4All et FAIST, sont les fers de lance de l’automatisation, de la numérisation et de la durabilité, ouvrant la voie à l’achèvement des travaux d’ici 2024/2025.
La durabilité est la pierre angulaire de l’initiative. Un nombre impressionnant de 150 entreprises ont joint leurs forces à celles d’APICCAPS pour se soumettre à des audits visant à minimiser la consommation d’énergie, à optimiser l’utilisation des matériaux et à adopter des principes d’éco-conception. “Ces audits sont essentiels pour un changement efficace et ouvrent la voie à une nouvelle génération de chaussures soucieuses de l’environnement”, explique Paulo Gonçalves.
Et à quoi ressemblera exactement cette “nouvelle génération” ? Des biomatériaux à base d’écorces de fruits, des accents naturels de liège et de bois, des utilisations innovantes de matériaux recyclés, le tout soigneusement tissé avec un accent renouvelé sur la durabilité inhérente au cuir. Le cuir, souligne Gonçalves, est “un sous-produit durable de l’industrie alimentaire, qui contribue au bien-être de la planète en réduisant les déchets”.
Mais les ambitions du Portugal vont au-delà des matériaux écologiques. Ils s’attaquent à l’efficacité énergétique, à la conservation de l’eau et même à la conception de leurs chaussures, afin de garantir un impact minimal sur l’environnement tout au long du cycle de vie.
Cette approche proactive est guidée par une vision claire : “24 millions de paires de chaussures sont produites chaque jour, dont 90 % en Asie”, explique Gonçalves. “Nous pensons qu’il y a de la place pour un petit acteur comme le Portugal, qui offre une alternative durable sur un marché dominé par la production de masse.”
Avec 1 500 entreprises et 40 000 emplois, l’industrie portugaise de la chaussure est une force économique importante. Mais surtout, il s’agit d’une communauté unie dans son engagement en faveur de l’excellence, de l’innovation et de la responsabilité environnementale. Comme le conclut Gonçalves, “cet investissement témoigne de notre confiance. Nous savons que le Portugal peut être un leader mondial de la chaussure durable et façonner l’industrie pour l’avenir.”